PORTRAIT : Antoine RIMBAUlT
Durée de lecture : 5 min.
C’est avec grand plaisir que l’équipe de la Comtoise accueille Antoine Rimbault, figure emblématique de la race Montbéliarde. Fort de sa riche expérience et de sa vision éclairée, il apportera à notre structure un nouvel élan et nous guidera vers de nouveaux horizons.
Portrait d’un homme qui a consacré sa vie professionnelle à la Montbéliarde.
Quel est ton parcours ?
Titulaire d’un BTS PA obtenu en 1982 au CEZ de Rambouillet, j’ai tout d’abord été enseignant et maître d’internat dans un LEPA dans les Ardennes pendant 2 ans. Ensuite j’ai effectué mon Service Militaire dans la Gendarmerie Nationale.
En août 1985, j’ai intégré la Coopérative d’Insémination artificielle de Haute-Saône (CIA) et Fayl-Billot en tant que technicien génétique (toutes races car seul technicien) en remplacement d’une personne partant à la retraite. En Montbéliard, j’étais responsable du suivi du schéma de sélection UMOTEST (création, diffusion, promotion, accompagnement des inséminateurs…).
J’ai intégré l’équipe technique génétique de la CEIA 25/90 en avril 1989. En tant que, d’abord, technicien génétique (pointage, accouplements, tri d’animaux pour différentes expos…). Ensuite en qualité de responsable génétique (suivi du schéma de sélection UMOTEST, encadrement équipe des techniciens, suivi génétique des inséminateurs…). A la création de Géniatest en 2009 (fusion de CEIA 25/90 avec CIA 70/52), j’ai partagé ce poste de responsable génétique avec mon collègue venant de Génélevage (Ex CIA 70/52).
En octobre 2011, je rejoins l’Organisme de Sélection Montbéliard. Je deviens responsable technique avec comme missions principales l’encadrement et l’animation de l’équipe technique de l’OS et des techniciens pointeurs de la race, l’ingénierie de la morphologie…
Départ à la retraite en janvier 2024 …après 38,5 ans passées au service de la race et des éleveurs montbéliards !
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ton métier ?
Je considère que le génotypage des femelles a marqué un tournant décisif dans ma carrière. C’est une véritable révolution pour le secteur de la génétique bovine ! Grâce à cette avancée, les éleveurs disposent désormais d’un outil précieux : ils peuvent estimer avec une bien plus grande précision le potentiel génétique de leurs femelles. Cela leur permet d’être plus autonomes dans leur sélection et d’accélérer ainsi le progrès génétique de leurs troupeaux.
Avant, la sélection était principalement axée sur les mâles, car nous disposions d’estimations génétiques plus fiables pour eux. Aujourd’hui, grâce au génotypage, l’égalité est faite entre les sexes. Les femelles ont enfin leur mot à dire dans les stratégies de sélection ! C’est une évolution majeure qui redéfinit complètement notre approche de la génétique bovine.
Dorénavant il y a « égalité » des sexes avec des niveaux d’estimation génétique équivalents, ce qui n’était pas le cas auparavant où la sélection sur la voie mâle était prépondérante du fait d’une estimation de la valeur génétique des mâles (CD) nettement supérieure à celle des femelles !
Comment vois-tu l’évolution de la Montbéliarde ?
Etant d’un naturel plutôt optimiste (mais réaliste), je pense que la Montbéliarde a de beaux jours devant elle dans un contexte avenir difficile à appréhender. L’ensemble de ses qualités intrinsèques (production de qualité en quantité, fonctionnalité et adaptabilité) semblent correspondre aux besoins des éleveurs et des filières lait-viande.
Mais si on souhaite que cette évolution perdure, il faudrait être très vigilant sur certains points car la concurrence risque d’être dure à l’avenir. Même dans les zones AOP actuelles où la Montbéliarde domine largement, d’autres races commencent à y faire « leur trou.
Dans les points de vigilance :
-Maitrise de la consanguinité car, sans cela, le progrès génétique sur nombre de critères sera amoindri.
-Consolidation des spécificités raciales (qualité du lait, reproduction, longévité). Notamment celle concernant les qualités bouchères synonymes de plus-value économique, résistance et solidité…
-Sélection de nouveaux critères (résistances aux maladies, à la chaleur, efficacité alimentaire, émission de méthane…) et amélioration d’actuels (tempérament, fonctionnalité pour la traite robotisée …). Tout ceci pour faire face aux demandes des futures générations d’éleveurs et aux évolutions agro-environnementales.
Sans oublier les acteurs de la filière! Il faut que TOUS servent les intérêts des éleveurs et de la race.
Qu’est-ce qui t’a motivé à intégrer notre entreprise ?
Plusieurs points m’ont plu :
-L’ouverture d’esprit remarquable de la structure et de ses responsables ;
-Sa forte implication dans le collectif racial en étant un ardent défenseur des intérêts des éleveurs montbéliards ;
-La jeunesse et le dynamisme de son équipe ;
-Son humilité et sa modestie dans le paysage montbéliard actuel. Ce sont des qualités que j’estime comme essentielles (et que beaucoup ont mis de côté) dans les domaines de l’élevage et de la génétique si soumis à de nombreux aléas pas toujours maitrisables ;
-Les défis futurs à relever et les missions qui m’ont été proposés.
Peux-tu décrire en quelques mots les missions qui te sont attribuées dans l’entreprise ?
Tout d’abord, réaliser un état des lieux sur le schéma de sélection MS, le fonctionnement technique et génétique de l’entreprise, les services génétiques rendus aux éleveurs. Ensuite, rédiger un plan d’action en fonction de l’état des lieux réalisé. Enfin, participer à la formation du futur responsable génétique de l’entreprise.
Comment décrirais-tu ton style de travail ? Préférences-tu travailler en équipe ou de manière autonome ?
Avant tout, je tiens à étayer mes idées par l’analyse (la plus structurée possible) et non par des a priori ; en clair, je « me fais mes idées par moi-même ».
Je pense qu’il faut prendre un minimum de temps pour bien comprendre les choses.
J’aime beaucoup la rigueur, la « droiture » et l’efficacité dans le travail.
J’essaie d’être à l’écoute de tous dans un esprit d’humilité, de respect et de modestie : avoir le sens de relations humaines saines et respectueuses avec le maximum de convivialité.
J’aime bien partager mes réflexions et mes analyses avec d’autres personnes pour juger de leur pertinence ; le travail en binôme m’a toujours plu car, pour moi il combine écoute, échange et efficacité pour faire avancer des dossiers .
En conclusion : un travail plutôt en autonomie dans un 1er temps pour me forger une opinion, suivi d’un travail en équipe pour finaliser un projet.
Qu’est-ce qui te motive le plus au quotidien ?
Avoir du « pain sur la planche » et des défis à relever !
Un dernier mot ?
Merci à MS pour la confiance que ses responsables m’ont apportée ; au travail maintenant !
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